Un guépard sur un îlot romantique

Au petit matin donc, je range la voiture – je suis organisée maintenant, et très efficace – et entame la fin de cette route très reposante. Je franchis le grand pont, et ça y est, me voilà de retour sur l’île, la gigantesque. Au lieu de continuer sur la route principale, je bifurque sur une petite route, parfois à double voie, parfois non. C’est très calme, je traverse des bois et des villages qui semblent encore endormis et peu fréquentés. De manière surprenante, une (petite) ligne de chemin de fer suit la route.

Une petite escale est prévue à Plockton, village mignon au bord du Loch Carron, et aussi petit port de pêche. Les maisons collées les unes aux autres sont colorées, des  îlots sur le loch sont recouverts d’arbres, la rue principale est assez animée, et moi je m’élance pour une courte promenade pittoresque que je viens de découvrir sur un panneau explicatif. En passant par un sous-bois et montant sur quelques rochers, je me retrouve face à un paysage magnifique et désert, où tout bruit humain a disparu. Ça ressemble à la vue depuis le village, mais en plus grand et plus impressionnant. Le temps est très gris, il pleut même un chouïa, un bateau à voile passe sans un bruit, puis se dessine un arc-en-ciel qui semble tout pile relier un îlot à un autre. Pour une fois, je m’assois d’une demi-fesse sur un banc mouillé, et reste là, mi-songeuse mi-rêveuse, pendant un long moment.

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Puis je concentre toute l’énergie en moi et réussi à me lever et retourner à la voiture. Là je décide que les toilettes publiques sont supers, et que c’est l’occasion de se brosser les dents et faire un shampooing dans le mini-lavabo. Propre comme un sou neuf, me voilà repartie vers le nord. Toujours en longeant le Loch Carron (certains lochs sont immenses), je m’arrête un peu plus loin, à Attadale Gardens. C’est une propriété privée, mais la propriétaire a décidé il y a juste quelques années d’ouvrir les jardins au public (contre rémunération, of course). Ce fut une tranquille balade, dans la continuité de cette matinée mignonne. Quelques statues étaient parsemées à droite et à gauche, et je me suis demandée comment faisait ce guépard en bronze pour tenir sur une patte.

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Le soleil s’est invité et j’étais terriblement bien, à marcher comme ça au ralenti au milieu des arbres et des fleurs.

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La prochaine étape était une single-track road sinueuse, partant du niveau de la mer pour monter jusqu’à 600m d’altitude, faisant de cette route l’une des plus hautes d’Ecosse. Les caravanes et camping-cars sont interdits car même avec les encoches il n’est pas facile de se croiser. Mais évidemment il y a toujours des gens qui s’en fichent, ce qui m’a permis de démontrer mes talents en marche arrière sur route montagnarde. Enfin de toute façon j’avançais au ralenti, mon bolide n’étant un bolide que sur du plat ou en descente. Le point culminant est atteint à Bealach na Ba, et toute la route est une merveille pour les yeux. J’étais contente qu’il y ait si peu de touristes, la conduite était vraiment agréable. Arrivée de l’autre côté à Applecross, au bord de la mer, j’avais quand même les yeux un peu fatiguée de toute cette concentration. Je me suis dégourdie les jambes, en profitant par la même occasion pour acheter de quoi me sustenter le soir. Ensuite j’ai continué sur ma lancée autour de la péninsule peu fréquentée, jusqu’à tomber sur une énorme passing place en hauteur sur une petite péninsule et un plus grand loch de l’autre côté. Il n’était que 17h30, mais je me suis dit que tant pis, je n’avais plus envie de conduire. J’ai regardé le paysage au chaud dans la voiture sans rien faire d’autre, puis j’ai fini mon roman, et bientôt c’était déjà l’heure de passer ma dernière nuit dans la voiture si confortable.

Le dernier jour (ou demi-jour) a été principalement de la conduite. Avec tout de même des petits arrêts. Par exemple à Balmacara, où je me suis dit « Ah chouette, une autre propriété de l’organisation pour laquelle je travaille, pour une fois je vais pouvoir entrer gratos ! ». Sauf qu’il n’y avait pas besoin de payer pour faire cette petite balade en forêt, ça m’a un peu déçue. Mais la promenade étant très mignonne et exactement le type de pause dont j’avais besoin, j’étais contente.

L’autre arrêt s’est fait à Eilean Donan où se trouve un très romantique château (Eilean = île).

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Le château a été plusieurs fois construit et détruit à partir du XIIIème siècle, la dernière destruction datant de 1720. Heureusement, le clan MacRae l’a racheté et l’a reconstruit à l’identique ou presque, selon d’anciens plans, entre 1912 et 1932. C’est surprenant car quelques murs extérieurs sont faits avec des matériaux modernes, et ça pique un peu les yeux. La visite était sympa et donnait l’occasion de visiter les cuisines, la salle principale à haut plafond, les chambres avec les couvertures en tartan aux couleurs du clan. Ce qui permettait d’en savoir un peu plus sur la façon dont les gens vivaient à l’époque, c’était assez bien fait.

J’ai attaqué la dernière portion de route jusqu’à Fort William. Et là, juste aux portes de la ville, des troooombes d’eau se sont abattues sur moi (enfin, moi au sec dans la voiture), et je me suis dit que ça marquait avec un timing parfait la fin de ces vacances ensoleillées.

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